Présentation

Présentation du lycée

Par admin hector-guimard, publié le jeudi 17 avril 2014 10:03 - Mis à jour le lundi 3 avril 2017 15:14

 

Le Lycée Hector Guimard (Lyon 7e), ancienne École de métiers des industries métallurgiques de Lyon

Extrait de l’article de Marion Fourcayran – stagiaire à l’Inventaire général du patrimoine culturel, Région Rhône-Alpes· Publication 15/09/2011 · Mis à jour 06/02/2012

 

Voici l’histoire du lycée qui fut d’abord celle de l’École de métiers, créée en 1922 par la Chambre syndicale des industries métallurgiques du Rhône dans l’esprit de la loi Astier (25 juillet 1919) relative à l’enseignement de l’apprentissage. Le contexte économique et industriel lyonnais s’y prêtait, puisque la Première Guerre mondiale avait marqué l’avènement de l’industrie métallurgique à Lyon et à Saint-Étienne. En outre, les industriels recherchaient désormais ce type de formation car le coût de l’apprentissage en atelier n’était plus rentable et l’évolution des machines-outils, de plus en plus précises, rapides et spécialisées, imposait une perpétuelle adaptation des ouvriers.

Durant les deux premières années de l’École de métiers (1923, 1924), les cours furent dispensés à ses 28 élèves au sein de la Société d’enseignement professionnel du Rhône (S.E.P.R) dont les locaux étaient situés au 119 rue Boileau (Lyon 6e). Ce n’est qu’au premier semestre 1925 que la Chambre syndicale des industries métallurgiques acquit un immeuble sis au numéro 40 du boulevard des Hirondelles, actuel boulevard des Tchécoslovaques, Lyon 7e, au cœur d’un des quartiers industriels lyonnais. Il s’agissait en réalité d’un bâtiment de la manufacture de caoutchouc et pneumatiques A. Soly & Cie, du nom de son propriétaire Arnaud Soly, dont la dissolution avait été prononcée suite à l’assemblée générale du 17 décembre 1924.

Les premiers travaux de transformation de l’usine en établissement scolaire débutèrent en 1936. […] Indépendamment de l’amélioration des conditions d’étude et d’apprentissage des élèves, ces travaux eurent pour but de distinguer architecturalement l’école des bâtiments voisins. L’élévation principale s’étirait sur onze travées et s’élevait sur trois niveaux. Elle présentait une parfaite symétrie. Les larges baies rectangulaires, séparées par de larges trumeaux nus, ne recevaient aucun encadrement ou appui décoratif. Une corniche saillante courrait sur la longueur du bâtiment tandis qu’un haut fronton surmontait les cinq travées centrales. Sur ce dernier était inscrit en lettres capitales : « École de métiers des industries métallurgiques ». La Chambre syndicale demanda des modifications du fronton en cours de travaux, ce dernier ayant pour fonction de « donner à l’ouvrage une impression d’unité ». L’allure de l’école devint stricte, imposante, et extrêmement sobre. L’impression d’unité fut atteinte. Ce parti pris imposa l’orientation architecturale des travaux qui furent réalisés par la suite.

L’architecte qui entreprit l’aménagement de l’École en 1936 eut, sans nul doute, le souhait de distinguer son œuvre dans un quartier encore marqué par sa vocation industrielle, et ce d’autant plus que le bâtiment était un ancien entrepôt. Il effaça toute trace de cette première destination et réussit habilement à intégrer l’École le long d’un boulevard et d’une voix ferrée. Comme cela a été constaté pour les écoles de Paris bâties entre 1920 et 1940, l’École de métiers devint un « véritable monument de quartier ». […] Les architectes des années 1930 souhaitaient également, tel l’Eupalinos de Paul Valery, susciter des émotions grâce aux « courbures insensibles » et à des « combinaisons du régulier et de l’irrégulier ». L’architecture devait alors être persuasive. Plus le bâtiment était impressionnant, plus il imposait le respect envers l’institution qu’il représentait.  […] À une moindre échelle certes, l’École de métiers des industries métallurgiques s’inspirait de cet ordre, imposant la force et le respect de l’institution qu’elle représentait par son élévation aux lignes anguleuses, sa corniche saillante et son large fronton.

L’architecte de l’École de métiers subit aussi l’influence architecturale de Tony Garnier (1883-1948) dont la création la plus intéressante est l’hôpital Grange-Blanche (aujourd’hui Édouard-Herriot, 1911-1933). […] L’aspect général fait preuve d’une certaine rigueur, que l’on retrouve à l’École de métiers. […] Mais l’œuvre de laquelle l’École se rapproche le plus est sans nul doute la nouvelle Faculté de médecine et de pharmacie de Lyon (1928-1932), due à Paul Bellemain (1886-1953).[…]  Le ou les architectes à l’origine de l’École des métiers ont su intégrer parfaitement leur construction dans le contexte architectural lyonnais des années 1930.

En 1949 puis en 1958-1959, les architectes Francisque Chevallet et Robert Fauvet, mandatés par la Chambre syndicale, projetèrent puis réalisèrent deux agrandissements de l’élévation principale. Le premier bâtiment prit place au sud de la conciergerie, parallèlement au boulevard des Hirondelles, puis Chevallet et Fauvet projetèrent deux ailes à ce dernier. Ces travaux exigèrent la destruction de la conciergerie qui datait de 1930. Deux projets furent successivement élaborés par les architectes, l’un en 1956 et l’autre entre 1958 et 1959. Les principales différences portent sur le traitement de la façade principale. Le second projet insistait sur la différenciation du nouvel accès à l’École. Les trois travées d’entrée étaient mises en valeur par quatre colonnes semi-engagées, filant sur toute la hauteur de la construction. De plus, trois doubles portes devaient occuper le premier niveau et non pas une seule, centrale, comme dans le premier projet. Enfin, le bandeau filant sur la totalité de la longueur, entre les baies du dernier niveau et la corniche, serait interrompu au niveau de ces travées par les colonnes tout d’abord, puis par l’encadrement commun dans lequel étaient pris les trois ouvertures de chaque travée. Le second projet fut adopté. Désormais, la façade s’étendait sur vingt-trois travées, soit 130 mètres.

[…] Francisque Chevallet (1885-1974) était le fils de l’architecte Joseph Chevallet. Plus d’une trentaine de leurs projets sont conservés aux Archives Municipales de Lyon sur la période 1895-1969. Ils ont construit toutes sortes de bâtiments, de la maison d’habitation à l’usine. Chevallet (père ou fils ?) est également l’auteur de l’immeuble qui se dresse place des Tapis (Lyon 4e).[…] Francisque Chevallet s’associa donc avec Robert Fauvet. Ils réalisèrent ensemble une grande partie des travaux de l’École. Il est intéressant de signaler qu’entre 1962 et 1969 Chevallet et Fauvet s’étaient également associés pour un second bâtiment scolaire, l’école maternelle publique Crestin, voisine de l’École de métiers. Il est cependant assez difficile de faire un lien stylistique avec cette école maternelle à niveau unique. […]

Si les aménagements et agrandissements de l’École, qui prirent fin dans les années 1960, correspondaient aux attentes et aux normes de leur époque, ils étaient totalement dépassés trente ans plus tard. A la demande de la Région Rhône-Alpes, le cabinet d’architecte Curtelin, Ricard & Associés a conçu un projet d’extension et de restructuration dont le permis de construire a été déposé en juin 1992. Les derniers travaux, achevés au cours de l’année 1997, ont donné naissance au lycée Hector Guimard – lycée des métiers, transformation des matériaux – établissement technique et professionnel.

 

Pour retrouver l’intégralité de cet article de Marion Fourcayran – stagiaire à l’Inventaire général du patrimoine culturel, Région Rhône-Alpes / Référence électronique

http://inventaire-rra.hypotheses.org/191